Le projet IPFC (Interphonologie du Français Contemporain)
1) Domaine : la phonologie de corpus en L2 dans le domaine francophone
La plupart des travaux menés dans le domaine des corpus d’apprenants de langue étrangère (ci-après L2) portent essentiellement sur les niveaux lexical et morphosyntaxique, et un certain retard a été pris dans le domaine de la phonologie. Dans ce domaine, les données sont essentiellement « de laboratoire », trop restreintes au niveau du nombre de locuteurs, du nombre de structures étudiées, et du style de parole considéré. A souligner également le manque de travaux portant sur de la parole continue, que ce soit en lecture de texte ou en conversation, ainsi que des travaux portant sur des langues autres que l’anglais (cf. Hansen Edwards et Zampini, 2008 ; Gut, 2009).
Ce n’est ainsi que très récemment que des travaux d’ordre phonético-phonologique faisant usage de corpus en L2 ont été menés, que ce soit avec une visée applicative (ingénierie de la parole ou pédagogique) ou non : en néerlandais L2 (Neri, Cucchiarini & Strik, 2006), en polonais L2 (Cylwik, Wagner & Demenko, 2009), en allemand L2 et en anglais L2 dans un contexte européen (Gut, 2009) ou asiatique (Visceglia, Tseng, Kondo, Meng & Sagisaka, 2009) et ce non seulement sur le plan segmental mais aussi supra-segmental (Trouvain & Gut, 2007 ; Meng, Tseng, Kondo, Harrison & Viscelgia, 2009). Le projet IPFC, qui allie travail sur corpus multitâches et focalisation sur les aspects phonético-phonologiques du français langue étrangère, s’inscrit donc dans un champ encore peu exploité.
2) Motivations et objectifs de IPFC
IPFC a une double motivation : l’une propre au champ de l’interphonologie, l’autre à celui de la phonologie de corpus. Comme nous l’avons mentionné, les études sur large corpus dans le domaine de l’interphonologie sont encore assez rares, ce qui s’explique par la relative absence de corpus oraux d’apprenants propices à ce genre d’études, en particulier en français. Dans le domaine de la phonologie de corpus en revanche, le français a récemment comblé son relatif retard en la matière, grâce aux travaux menés dans le cadre du projet PFC (Phonologie du Français Contemporain : usages, variétés et structure) (www.projet-pfc.net). Après 10 ans d’existence, et au vu des récents développements – non seulement pédagogiques mais aussi sociolinguistiques – du projet, la question du traitement des populations non-natives (que le français soit pour eux langue seconde – dans le cas de sujets plurilingues – ou étrangère – dans le cas d’apprenants) a été abordée de front avec le lancement du sous-projet IPFC à la fin de l’année 2008 (Detey & Kawaguchi, 2008).
L’objectif du projet IPFC est de constituer et mettre à disposition un corpus de recherche de FLE varié (différentes L1, différentes tâches), avec un protocole de données identique pour toutes les L1, proche de celui utilisé dans le projet PFC au niveau des tâches, mais dont les modalités ont été adaptées aux apprenants. La base de données ainsi constituée devrait permettre :
• des comparaisons entre les différentes tâches du corpus ;
• des comparaisons entre apprenants de diverses L1 ;
• des comparaisons entre apprenants et natifs de différentes variétés, grâce à la base de données PFC existante.
IPFC répond ainsi pour le FLE à un besoin de données diversifiées exprimé dans les domaines de l’interphonologie, de l’enseignement de la prononciation et, plus largement, dans le domaine de l’ingénierie des langues. Il assure ainsi la présence du français aux côtés de travaux récents en la matière menés dans d’autres langues. A terme, la base de données constituée permettra :
• de documenter et d’étudier l’apprentissage du système phonologique du français par des apprenants de diverses L1 ;
• de documenter et d’étudier la variation (intégration de la variation en FLE dans le domaine francophone ; rôle de la variation en L1 dans l’apprentissage de la L2 ; variation en L2) ;
• de proposer des activités autour de la prononciation du français et de son apprentissage ;
• de promouvoir l’image du français langue internationale.
3) Protocole et méthodologie de IPFC
En harmonie avec les orientations méthodologiques de PFC sur lesquelles il est basé, le protocole IPFC comprend 6 tâches :
• 1 de répétition
• 3 de lecture
• 2 de production orale
Le protocole est progressif : plus le niveau des apprenants est avancé, plus ils peuvent réaliser l’ensemble des tâches, de la plus simple à la plus complexe : répétition de mots isolés, lecture de mots isolés, lecture de texte, expression orale guidée avec locuteur natif ou quasi-natif, interactions orale semi-contrainte inter-apprenants.
Le protocole IPFC comprend une partie commune :
• Au protocole PFC (lecture de la liste de mot PFC, lecture du texte PFC)
• A toutes les L1 (une partie de la liste de mot spécifique en lecture et en répétition)
Pour plus d’information sur le protocole IPFC, consulter le cadre IPFC (contacter les coordinateurs du projet pour l'obtenir)
Décembre 2008 : lancement du projet IPFC (IPFC-japonais – S. Detey et Y. Kawaguchi)
Juin 2009 : ajustement du protocole (IPFC-espagnol – I. Racine (avec F. Zay et S. Schwab)).
Juillet 2009 – décembre 2009 : récolte et première exploitation des corpus japonais et espagnol.
Printemps 2010 : préparation de Moodle multilingue et du site IPFC (Y. Kawaguchi).
Septembre 2010 : lancement d’IPFC-norvégien, allemand, néerlandais, anglais canadien, grec.
Décembre 2010 : organisation de la première Journée d’étude IPFC à Paris IPFC2010 : Interphonologie, corpus et français langue étrangère.